"Jusqu'à ce moment ils [l'Assemblee Nationale] n'ont rien préjugé encore. En se réservant de nommer un gouverneur au dauphin, ils n'ont pas prononcé que cet enfant dût regner; mais seulement qu'il étoit possible que la constitution l'y destinât; ils ont voulu que l'éducation, effacant tout ce que les prestiges du trône ont pu lui inspirer de préjugés sur les droits prétendus de sa naissance, qu'elle lui fît connoître de bonne heure, et l'égalité naturelle des hommes, et la souveraineté du people; qu'elle lui apprît à ne pas oublier que c'est du people qu'il tiendra le tître de roi, et que le peuple n'a pas même le droit de renoncer à celui de l'en dépouiller.
"Ils ont voulu que cette éducation le rendît également digne par ses lumières, et ses vertus, de recevoir avec resignation le fardeau dangereux d'une couronne, ou de la déposer avec joie entre les mains de ses frères, qu'il sentît que le devoir, et la gloire du roi d'un peuple libre, est de hâter le moment de n'être plus qu'un citoyen ordinaire.
"Ils ont voulu que l'inutilité d'un roi, la nécessité de chercher les moyens de remplacer un pouvoir fondé sur les illusions, fût une des prèmieres vérités offertes à sa raison; l'obligation d'y concourir lui-même un des premiers devoirs de sa morale; et le désir, de n'être plus affranchi du joug le la loi, par une injurieuse inviolabilité, le premier sentiment de son coeur. Ils n'ignorent pas que dans ce moment il s'agit bien moins de former un roi que de lui apprendre à savoir, à vouloir ne plus l'être .